Récit de la fête des 100$ le baril à Lyon/Villeurbanne samedi 6 janvier 2008
   

Un samedi pluvieux, fin de vacances, une fête un peu étrange dans un lieu encore plus étrange. Une soixantaine de personnes se retrouvent avenue Henri Barbusse à Villeurbanne, haut lieu de l'habitat social, de l'urbanisme des années 30 et centre d'une ville qui aime que trop ses voitures. A quelques pas, un parking souterrain respire encore le neuf, le propre.


C'est vers l'autre côté que le petit groupe se dirige. Sur le cours Emile Zola, il reste les vestiges d'une station-service. Des milliers de barils de pétrole ont été déversés ici dans les réservoirs de voitures toujours plus puissantes et plus grosses. Les clients regardaient passer les habitants en humant l'air de la ville sans penser un instant aux conséquences écologiques, économiques et sanitaires de leurs actes. C'est tellement plus simple de ne penser qu'à soi.


Le chacun pour soi n'est pas au programme ce jour. C'est plutôt chacun pour tous, car dans une fête spontanée, chacun apporte de quoi faire de ce moment un instant festif, marquant, convivial.

 

 


Deux personnes accrochent la banderole réalisée par leurs soins le matin même L'une est venue avec un bidon, pardon un baril. Des sacoches de vélo apparaissent quelques bouteilles, des gâteaux maisons et autres réjouissances.


Un petit discours pour expliquer pourquoi on est là et le mégaphone passe de voix en voix.
Cocteau Molotov, le slameur nous régale d'un slam écolo, un papy (c'est lui qui le dit) nous fait chanter sa composition de la veille. Un autre revient dans le temps, pour compter l'anecdote du baril de 159 litres comme valeur marchande pour le pétrole. On cite même Marco Polo parlant de l'huile de pierre. A ceux qui doutent que l'usage du vélo soit si paisible, un "gilet jaune fluo" présente la réalité : il n'y a pas plus d'accidents à vélo qu’avec d'autres modes de transports. Est émise l'idée de faire de cette station hideuse un monument historique comme symbole de l'architecture de l'ère du pétrole.


Et le mégaphone continue son chemin entre militants écologistes, décroissants, radicaux, cyclos, rigolos et autres non-pétrolos.


Pendant que les passants regardent étonnés cette fête improvisée et repartent un tract à la main, chacun discute, échange sur tout et sur rien. Des graffitis apparaissent à côté des tags décorant la station. Et doucement, attentivement, le toit de la station reçoit son tag : "Monument historique. 100$ le baril, pour le cramer faut être débile."

 

 


Quelques chansons sont reprises en choeur, et alors que les bouteilles tournent, quelques-uns improvisent un départ de course pour les voitures démarrant au vert. Une course vers où ? Vers l'auto-aveuglement face à la raréfaction des matières premières, face aux guerres du pétrole, face aux carnages des accidents de la route, face à l'urbanisation déshumanisante de la ville-voiture, face aux pollutions, face à tout sauf au face à face salvateur, celui qui fait prendre conscience de la connerie de certains de nos actes.


Puis, dans la nuit de la ville humide, chacun reprend son vélo, son métro. La fête est finie. Il paraît que le Paris-Dakar est annulé. Ce début d'année 2008 commence bien. Restent 360 jours pour agir dans nos réseaux et nos assos pour préparer l'apres-pétrole.

 

"Sans pétrole, la fête est plus folle »


Dans la presse


 

Le JT de France3 Rhone-Alpes


100$ le baril
envoyé par Standbyme

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